Clore une année civile traversée par l’acmé de la crise sanitaire et des risques de résurgences ainsi que par le changement climatique, c’est reprendre la route – sans trop de déroutes, si possible – accompagnés comme l’on dit trop conventionnellement de bonnes résolutions.
Dans la sphère privée, dans le contexte économique, politique et… en matière de relation humaine dans notre bonne entité de Rixensart !
Alors, dès cette période de fin d’année diversement ressentie pour beaucoup d’entre nous, si 2022 était un peu comme se mettre en marche together «avec des chaussures neuves» sur les sentiers parfois inexplorés de nos dix provinces ?
Des chaussures neuves : en totale adelphité pour 2022 !
L’année nouvelle : je ne pouvais éviter d’en parler surtout après ces longs mois de pandémie où tout a étrangement «tourné» !
J’ai songé à vous raconter ce petit extrait – qui sort tout de même des clichés ordinaires – d’un excellent auteur espagnol (1): le narrateur évoque ici sa visite dans un magasin de chaussures…
« A l’intérieur, il n’y avait que la vendeuse. J’ai essayé plusieurs modèles. A chaque fois que j’essaye des chaussures , je cherche à deviner quels lieux je foulerai avec elles. Je pense à des tapis, des parquets, des moquettes.Je pense à des hôtels, des sols nobles, des marbres. Je pense à l’avenir. S’acheter des chaussures, c’est parier sur l’avenir. (…) S’acheter des chaussures, c’est dire oui à l’avenir, c’était très clair dans ma tête. Sans doute est-ce pour cela que j’ai eu un accès de mélancolie. J’allais devoir vivre encore quelques années pour qu’elles aient un sens. Je ne pourrais pas manquer de respect à ce cadeau, à la matière qui le constitue, à l’effort humain, professionnel, qu’il y a dans la fabrication d’une paire de chaussures. Elles me plaisaient tellement que je les avais gardées aux pieds ».(1) et (2)
Voilà donc un extrait qui fait réfléchir : M.Vilas nous donne l’envie avec la tonalité particulière de cette anecdote de mettre nos pas d’homme vers la lumière de demain, vers de nouveaux sols et soleils, vers de nouvelles mélancolies même dans l’incertitude et les brumes qui nous entourent ! Ne serait-ce pas le moment (et au pied du mur) de se faire quelques vœux pour l’an neuf ? Et de songer bien avant le 25 à se souhaiter une fête de Noël de paix simple en pleine kiffance sans tomber dans la tendance des selfies, des vaxxies et loin de l’ultracrépidarianisme (3)du moment sur d’incontournables sujets…
Epicure n’en a pas cure : à quoi voit-on les signes du vieillissement ?
« A quoi voit-on qu’on vieillit ? » interroge le Magazine Philosophie en son numéro 155 de ce mois. Bien en peine de répondre (et plein de mauvaise foi), j’ai lâchement renvoyé la question au bureau du CCCA : quelques réactions m’ont éclairé.
Finalement, j’ai déniché (ou interprété) à la même source littéraire une piste qui m’agrée moins pour le contenu que pour l’art de l’anticipation à laquelle elle invite.
Un bon remède à prendre avant l’apparition de pépins divers : le tetrapharmacamos. Il se décline en 4 recommandations. Primo : se souvenir que les dieux ne se soucient pas de nous ; secondo : que la mort n’est rien pour nous ; tertio : que le bien est facile à se procurer et in fine que la douleur est facile à supporter. Ce serait le résumé de « la lettre à Mécénée » d’Epicure (341- 270 av. J.-C) (source ibidem, O. Larmagnac- Matheron, p.79). J’essaierais bien à l’occasion mais n’est pas épicurien qui peut ou veut, visiblement. J’ignore, à ce stade de mon enquête, la durée du traitement et surtout, mon dieu, les effets indésirables !
Pour le futur rapproché, ce serait plaisant de se voir librement, au pied levé, en notre bonne et belle province du Barbant wallon comme le dit -humoristiquement ?- Dominique Maes(4)sans restriction de «knuffelcontact» et de «anderhalvemetersamenleving»!(5)
D’autre part, l’année 2022 sera marquée au niveau artistique par le 125ème anniversaire de la naissance de Paul Delvaux : des célébrations sont attendues. En attendant, un bel article sur l’amitié entre Paul et Max van der Linden est à découvrir dans la revue des Amis du Musée universitaire de Louvain. C’est vraiment une invitation à se rendre au Musée L.
Allez, en totale solidarité avec vous tous et les vôtres. Et cela va de soi : entamons les 365 marches de 2022 optimistes et bon pied, bon oeil. Et lisons Epicure, Platon ou Sénèque (6), « ça ne fera de toute façon pas de mal » dit-on en belge.
1 : Vilas Manuel, Alegria, Editions du sous-sol, 2021. (M. Vilas était présent à «l’Intime Festival» de Namur en septembre 2021)
2 : ibidem, pp. 248-249
3 : mots nouveaux de 2021 – un vaxxie est un selfie pris au moment où on se fait vacciner; – l’ultracrépidarianisme: fait de donner son avis sur tout sans en avoir vraiment les compétences.
4 : Dominique Maes, auteur, illustrateur de chez nous, invité à la librairie Claudine,Wavre, 02/12/2021 auteur de: Gourmandises, éditions Murmure de soirs, 2021
5 : «Tous bilingues…» fut un temps un slogan… voir article de Martine Dubuisson dans Le Soir du 30/11/2021 «L’apologie du zéro» -/Sources éventuelles: Babelio et L’obs ; 6: in La planète des sages, Jul. Charles Pépin, Dargaud, 2011
Quelques éléments de cet article sont issus de «En marche!», publié par ailleurs, du même auteur.
Article proposé par Bertrand jardon
Trésorier, CCCA Rixensart