Conférence tenue pat Céline Mahieu et Fabian Defraine, à l’Institut de sociologie de l’ULB, le 10 février 2022.
Après avoir expliqué la méthodologie qu’ils ont appliquée, les conférenciers ont fait part de leurs observations.
Les maisons de repos sont considérées comme des institutions dites totales parce qu’elles s’occupent d’une population recluse dans un système régi par des règles.
En période de crise sanitaire, en raison du confinement, le ressenti pour les résidents comme pour le personnel est plus intense. L’enferment est vécu comme un supplice en raison du déficit de contact avec le monde extérieur, voire entre les résidents eux-mêmes et même avec les médecins dont certains refusent carrément de venir. C’est, en quelque sorte, une déshumanisation du secteur.
Au niveau du ressenti individuel, les résidents se sentent plus mortifiés encore qu’en période normale : sentiments d’isolement et de dépouillement accrus, perte de contrôle des objets, dégradation de l’image de soi, contaminations, obligation de fréquenter des résidents non désirés, perte de complicité entre résidents…
Ils souffrent aussi d’une absence du toucher et des pertes d’apprentissage.
Quant au personnel soignant, il éprouve également des difficultés diverses : manque de repères, débrouillardise faut de règles existantes, perte de générosité. En revanche, par la force des choses, il y a eu progressivement une augmentation de l’entraide, une meilleure préparation aux circonstances et une adaptation des moyens de communication comme la visioconférence. Des nouvelles pratiques ont vu le jour pour plus de dignité envers les résidents ainsi que pour une meilleure entente entre professionnels par l’écoute, le respect, la mise en œuvre d’équipements adaptés, l’adaptation des règlements.
En résumé, l’étude a démontré la nécessité de mettre en place une nouvelle culture éthique afin de mieux appréhender les crises.
Rédigé par Daniel Vanderstichelen, Président du CCCA.