Notre modernité ne peut plus se passer du mot «senior», moins stigmatisant que d’autres. Mais définir cette tranche d’âge n’est pas si simple.
Si l’espérance de vie dépasse un jour les 100 ans, à quel âge commencera la vieillesse?» se demande le démographe Jean-Marie Robine, conseiller scientifique auprès de la direction de l’Ined (Institut national d’études démographiques). Il fut un temps où la réponse semblait simple.
La vie pouvait se représenter en trois âges, et la vieillesse – le troisième et supposé dernier âge – commençait avec les rides vers 50 puis 60 ans. Mais tout a changé dans la seconde moitié du XXe siècle.
Il y a d’abord eu la reconnaissance de l’adolescence. Un temps circonscrite aux alentours de la puberté entre 12 et 18 ans, elle englobe aujourd’hui les «préados» de 10 ans et ne cesse d’être prolongée.
Selon une étude du Pr Susan Sawyer (université de Melbourne, Australie) publiée dans The Lanceten janvier 2018, ce serait désormais à 24 ans, âge de la pleine maturation du cerveau, mais aussi de l’accès à indépendance, que l’adolescent deviendrait adulte dans les sociétés occidentales.
La soixantaine rime avec dynamisme
Mais cet âge du milieu de la vie ne dure guère ! A peine l’homme et la femme atteignent-ils cet état de maturité, ils deviennent des «seniors». Tout se complique. En latin, le terme «senior» signifie «plus âgé». Mais plus âgé que qui ? Et sur quels critères ?
Au sein de l’entreprise, particulièrement pour les cadres, le senior a 45 ans et une maturité professionnelle qui fait défaut aux «juniors», jeunes diplômés au CV encore peu fourni.
Sur le marché du travail au sens large, les seniors ont plutôt de 55 à 64 ans : ce sont là les catégories du ministère du Travail ou de l’Insee. Craignant le licenciement, plus exposés au chômage, ces seniors-là sont peu enviés.
Mais à la retraite, leur soixantaine rime désormais avec dynamisme et liberté : ils peuvent prétendre à la carte de réduction SNCF dite «Senior +», bien plus chic que l’antique carte Vermeil.
Par contre, s’ils ne se portent pas bien, le code de la Sécurité sociale les classera dans la catégorie «personnes âgées», voilà une case supplémentaire ! Elle commence à 60 ans pour les régimes d’invalidité ou de handicap, pour les demandes d’allocation personnalisée à l’autonomie ou d’entrée en Ehpad.
Christine Baudry
Figaro.fr santé publié le 18/11/2018
Article proposé par Katty Mertens
CCCA Rixensart