Distributeurs de billets : qui assume?

Les distributeurs de billets ont un prix. Les grandes banques renâclent, les petites se tâtent, bpost assure.

S’il ne devait rester qu’un seul distributeur automatique debout, ce serait un de bpost. Mais on n’est pas encore là.
Hier, la commission des pouvoirs locaux au parlement de Wallonie a poursuivi ses auditions concernant la disparition des guichets automatiques bancaires.

Rappel, fin janvier, le discours tenu par les représentants de la structure Batopin (Belfius, Fortis, ING et KBC) n’avait guère rassuré. Les fleurs, «95% des citoyens devront disposer d’un distributeur dans un rayon de 5 km», n’avait pu cacher le pot, une sérieuse rationalisation du nombre de distributeurs et des endroits où ils sont implantés. On évoque une division par trois.
Avec les questions sous jacentes: quid des zones rurales, et même de certaines zones urbaines, et de la fracture numérique? Ces personnes qui n’ont pas l’équipement ou les connaissances pour passer au numérique. Elles représentent 10% de la population.
Hier, petit soulagement pour les élus qui ont entendu Jean-Paul Grégoire, administrateur-directeur de Crélan, et Jan Smets, director retail et customer care de bpost. Eux, ils se sont regroupés au sein de la Jofico (Bpost, Crelan, Axa, Argenta, VDK…).

Quid des taxes ?
Jean-Paul Grégoire avance ses arguments : 
«La Jofico n’est pas là pour rationaliser l’implantation des agences, elle sert à effectuer des achats groupés de matériel.» Il évoque les 1 500 distributeurs du «réseau». 
« Avec nos agents indépendants, nous voulons jouer sur la proximité pour nous différencier des grandes banques qui mise sur le numérique.» On est bien sur un terrain concurrentiel…

La preuve :
«C’est pour cela que nous voulons conserver un service cash dans nos agences où il n’y a pas de distributeur. C’est comme les services gratuits offerts par certaines petites banques aux plus de 65 ans. On ne doit pas être tous mis dans le même panier. Le client peut aussi faire des choix.»

L’homme remet aussi les élus devant leurs responsabilités :
«Désolé de vous le dire mais vous avez aussi une responsabilité.» 
En énumérant les coûts d’un distributeur, on note que cela revient entre 40 000 et 50 000€ le bunker, 10 000€/an le prix de la machine. Qu’ensuite, il y a la gestion du cash. Où une société privée gère tout ou partie des transferts.
Vient enfin, la part du public: «La Wallonie ponctionne 3 950€/an de redevance par appareil auxquels on ajoute les taxes communales qui peuvent monter jusqu’à 6 000€/an.»

bpost, portes ouvertes
Alors ? S’il n’en reste qu’un ce sera Bpost.
Jan Smets: «C’est dans notre contrat de gestion: nous devons assurer un service dans toutes les communes où il n’y a plus de banque. Pour beaucoup de banques, c’est rassurant parce qu’après, elles savent qu’on est là. Nous sommes même ouverts à un partenariat pour la poursuite des activités de services pour d’autres banques. En attendant, nos 650 bureaux de poste restent ouverts.» Jusqu’au prochain contrat programme.

Albert Jallet
Paru dans L’avenir, 12-5-2021